31 mars 2009

Pourquoi nous devons continuer à nous battre Nicole Orthous

Publié sur le site de la CNDFE

Pourquoi nous devons continuer à nous battre contre cette réforme de "mastérisation" qui n'est qu'un désengagement de l'Etat dans sa mission de formation des enseignants.


Une université autonome pourrait bien assurer la formation des maîtres, la formation à n'importe quel métier. La réforme consiste à avoir des étudiants dans les universités et à valider leur cursus par un diplôme. Rien ne dit qu'ensuite ils auront un poste, une titularisation, un statut de fonctionnaire d'Etat.


Vouloir "sauver" les IUFM, ce n'est pas demander à conserver une institution détestée (certains de plaisent à le rappeler) dont on dit je ne sais quelles horreurs (de la part de personnes qui ne manquent pas d'exiger, pour d'autres objets, des sources, des études, des références et des évaluations sérieuses, des travaux scientifiques). Défendre les IUFM, c'est affirmer qu'il faut conserver une école de formation (et de préparation aux concours) qui accueille les candidats à un concours national et les lauréats d'un concours national, professeurs stagiaires, pour les former au métier d'enseignant.


La réforme est un désengagement de l'Etat. Désengagement territorial, financier, tutélaire. La réforme de l'université aussi. Pour un pays comme la France, autonomie
est synonyme de privatisation. "Les acteurs pleins et entiers de la formation initiale et continue"... que seront les universités, cela vient tout naturellement dans la bouche deDarcos. Il s'agit, pour lui, d'appliquer le processus de Lisbonne.


On se réfère à Lisbonne comme si c'était une catastrophe naturelle à laquelle on ne peut rien. Le processus de Lisbonne n'est pas une catastrophe naturelle! Notre lutte devra remonter loin.


Pour l'instant, il s'agit de gagner un peu de temps. Quand l'Europe se réveillera... Elle aura été rongée par un libéralisme brutal dont on observe déjà assez la nocivité pour être certains d'avoir raison de lutter contre lui.


C'est pourquoi je ne pense pas qu'il soit temps de négocier. C'est pourquoi il m'est assez indifférent que l'on dise que les enseignants sont corporatistes, qu'ils sont en conflit les uns contre les autres selon leurs qualifications et le lieu où ils travaillent. C'est pourquoi il faut impérativement empêcher que le début du quart de la moitié du processus de la réforme Darcos s'enclenche.


Derniers soubresauts d'un monde où les Lumières auront tenté d'éclairer les Hommes? Ou magnifique réveil, enfin, de peuples mieux éclairés qu'il n'y paraissait?


Il y a lourd à perdre. Mais on va gagner.


Nicole Orthous