31 mars 2009

Pourquoi nous devons continuer à nous battre Nicole Orthous

Publié sur le site de la CNDFE

Pourquoi nous devons continuer à nous battre contre cette réforme de "mastérisation" qui n'est qu'un désengagement de l'Etat dans sa mission de formation des enseignants.


Une université autonome pourrait bien assurer la formation des maîtres, la formation à n'importe quel métier. La réforme consiste à avoir des étudiants dans les universités et à valider leur cursus par un diplôme. Rien ne dit qu'ensuite ils auront un poste, une titularisation, un statut de fonctionnaire d'Etat.


Vouloir "sauver" les IUFM, ce n'est pas demander à conserver une institution détestée (certains de plaisent à le rappeler) dont on dit je ne sais quelles horreurs (de la part de personnes qui ne manquent pas d'exiger, pour d'autres objets, des sources, des études, des références et des évaluations sérieuses, des travaux scientifiques). Défendre les IUFM, c'est affirmer qu'il faut conserver une école de formation (et de préparation aux concours) qui accueille les candidats à un concours national et les lauréats d'un concours national, professeurs stagiaires, pour les former au métier d'enseignant.


La réforme est un désengagement de l'Etat. Désengagement territorial, financier, tutélaire. La réforme de l'université aussi. Pour un pays comme la France, autonomie
est synonyme de privatisation. "Les acteurs pleins et entiers de la formation initiale et continue"... que seront les universités, cela vient tout naturellement dans la bouche deDarcos. Il s'agit, pour lui, d'appliquer le processus de Lisbonne.


On se réfère à Lisbonne comme si c'était une catastrophe naturelle à laquelle on ne peut rien. Le processus de Lisbonne n'est pas une catastrophe naturelle! Notre lutte devra remonter loin.


Pour l'instant, il s'agit de gagner un peu de temps. Quand l'Europe se réveillera... Elle aura été rongée par un libéralisme brutal dont on observe déjà assez la nocivité pour être certains d'avoir raison de lutter contre lui.


C'est pourquoi je ne pense pas qu'il soit temps de négocier. C'est pourquoi il m'est assez indifférent que l'on dise que les enseignants sont corporatistes, qu'ils sont en conflit les uns contre les autres selon leurs qualifications et le lieu où ils travaillent. C'est pourquoi il faut impérativement empêcher que le début du quart de la moitié du processus de la réforme Darcos s'enclenche.


Derniers soubresauts d'un monde où les Lumières auront tenté d'éclairer les Hommes? Ou magnifique réveil, enfin, de peuples mieux éclairés qu'il n'y paraissait?


Il y a lourd à perdre. Mais on va gagner.


Nicole Orthous

29 mars 2009

Communiqué de la CNFDE

Coordination nationale Formation des Enseignants. 29 mars 2009

De nouveaux reculs… Mais la réforme est encore là.

Nous obtiendrons son retrait !

Après avoir concédé, le 20 mars dernier, le maintien des concours dans leur forme actuelle en 2010, M. Darcos et Mme Pécresse viennent d’annoncer que les étudiants titulaires d’une licence pourraient s’inscrire aux formations actuelles PE1, PLC1, etc. à l’IUFM ou en master 1 à l’Université. Par là même, le feu vert est donné aux inscriptions en 1re année dans les IUFM, que 13 d’entre eux avaient déjà ouvertes.

Ainsi, en quelques jours, bien que Xavier Darcos ait déclaré qu’il ne serait pas « le ministre de l’hésitation nationale », le gouvernement vient de céder à des demandes auxquelles il était resté sourd jusque-là. Les membres des collectifs locaux d’enseignants-chercheurs, formateurs, stagiaires, étudiants et Biatoss, syndiqués et non syndiqués, sont en droit d’y voir le résultat de leur action et de leur opiniâtreté.

Le gouvernement annonce aussi que la 1re année de formation, pour les étudiants inscrits en IUFM, sera validée comme 1re année de master. Comme l’analysent plusieurs présidents d’université dans une déclaration du 27 mars, derrière ce qui peut apparaître comme une autre concession, le gouvernement cherche en fait à enclencher de façon irréversible le processus de réforme de la formation dès septembre 2009. Or sur le fond, son projet reste inchangé, il tourne toujours le dos à l’amélioration de la formation.

Au total, les reculs sont donc réels, mais le gouvernement reste déterminé à réaliser sa réforme. C’est pourquoi nous demandons à nouveau le maintien intégral des conditions actuelles de formation en 2009/2010 et celui des dates habituelles des concours. Pour les lauréats des concours 2010, nous exigeons
aussi l’accès aux formations actuelles, rémunérées en tant que fonctionnaires stagiaires.

L’assemblée unanime des directeurs des départements de Lettres et Sciences Humaines, réunis le 28 mars, invite le gouvernement à convoquer les États Généraux de la formation des enseignants et à organiser la réflexion sur la formation, les concours et le financement des études avec toutes les parties prenantes. La Conférence de Directeurs d’IUFM a formulé la même demande. Nous appuyons totalement cette idée et nous invitons les présidents d’université à se concerter pour engager dès maintenant ce processus démocratique de
façon décentralisée, dans les UFR et les IUFM, puis au niveau académique.

Nous appelons les collectifs à se donner les moyens d’informer les personnels, les stagiaires et les étudiants. Il s’agit de mesurer ensemble, exactement, la réalité des reculs obtenus. Nous les appelons à renforcer l’action pour obtenir le retrait de la réforme actuelle et la convocation des États Généraux.

  • Organisons partout, le 31 mars, des cérémonies de non-remise des maquettes : pas une seule maquette de master ne doit arriver chez Mme Pécresse, ni le 31 mars, ni après !
  • Participons activement à la journée nationale du 2 avril : 1 000 manifs pour l’éducation.
La coordination nationale formation des enseignants tiendra sa 3e réunion samedi 4 avril à Paris.

Cette réforme c’est toujours…


• La disparition de l’année de formation en alternance rémunérée après le concours, remplacée par une année dite de « stage » où le débutant assumerait 2/3 du temps de classe (aujourd’hui, PE = 1/3 ; PLC = 45 %).
• En lieu et place de cette année essentielle pour la professionnalisation, des stages facultatifs au cours du master, limités à 108 heures par an, et en nombre insuffisant pour assurer des conditions de formation égales : 50 000 stages sont prévus pour 140 000 candidats inscrits aux concours habituellement !
• Une année M2 qui serait un ingérable fourre-tout : préparation du concours, autres enseignements, réalisation du mémoire de recherche, stage en responsabilité… en plus d’un « boulot » pour 1 étudiant sur 2.
• Un corps potentiel de précaires constitué des reçus au master-collés au concours (ou admissibles seulement).
• Des épreuves de concours hybrides qui ne garantissent pas la maîtrise des connaissances disciplinaires…
• La concurrence entre universités, les inégalités territoriales, la braderie des personnels des IUFM, de leurs savoir-faire dans la formation, la disparition de certains sites dans les départements ruraux, l’étouffement de la recherche didactique et pédagogique, etc.

Si on les laissait faire…

Le gouvernement veut toujours réaliser sa réforme alors que son projet est toujours aussi instable, flou et contradictoire : pour qui voudrait le mettre en œuvre, manqueraient des précisions indispensables sur les stages en M1 et en M2, sur les concours et leur date (janvier et mai de M2 ou octobre et mai, comme annoncé tout récemment ?), sur l’année de stage, sur l'utilisation du potentiel de formation et de recherche des IUFM, sur l’organisation des coopérations interuniversitaires, etc. Concevoir des masters enseignement et les ouvrir en septembre dans de telles conditions, ce serait grotesque ! Il n’y a que d’obscures officines privées qui s’y soient risquées.

Avec ces mesures, les IUFM seraient particulièrement fragilisés : les étudiants visant une préparation au métier de PLC s'inscriraient en M1 dans leur UFR, mais ils y resteraient naturellement en M2 (actuellement l’IUFM accueille les PLC2 et organise leur formation). De la sorte, on aboutirait à réserver les IUFM aux formations des PE (moins ceux que des universités concurrentes auraient réussi à « capter »), des PLP (moins ceux que…) et des CPE et l'on
institutionnaliserait la coupure entre 1er et 2nd degré. Et si les IUFM ne participaient pas ès qualités au suivi et à la validation de l’année de stage, ils seraient évincés de cette phase de la formation qui suivrait immédiatement le concours et que le ministère appelle « continuée ». Dès l’an prochain, avec la diminution de 30 % des postes dans le premier degré, la formation initiale PE2 et la formation continue associée seront amputées d’un tiers.

Certes, les deux ministres se sont engagés à maintenir durant l’année prochaine les moyens des IUFM et tous les sites départementaux, mais cet engagement n’a aucune fiabilité dans le cadre de l’autonomie des universités : celles qui ont intégré un IUFM feront bien ce qu’elles voudront si elles n’ont plus d’usagers (étudiants et stagiaires) dans leurs antennes décentralisées.
Les UFR, elles aussi, seraient fragilisées : le siphonnage de leurs masters actuels s’amorcerait dès les prochaines inscriptions universitaires.
Les personnels impliqués dans la formation des enseignants dans les UFR et dans les IUFM ne peuvent accepter le marché que le gouvernement veut leur « placer » : « vous pouvez inscrire les étudiants à des préparations aux concours actuels, mais laissez-moi démarrer ma réforme ».

Pour les étudiants, ces annonces soulèvent beaucoup de questions :

• Dans quelle formation s’inscriront-ils si l’université n’a pas ouvert de master enseignement, soit parce que, comme la plupart des universités, elle a refusé de participer à la course à la médiocrité et n’a pas envoyé de maquette, soit parce que sa maquette n’a pas été habilitée ?
• Sur quels critères serait attribuée la reconnaissance de l'année de M1 en IUFM : concours blanc, contrôle continu, mixte des deux ? Prendrait-on les stages en compte ? Sinon, est-il sérieux de parler de « master professionnel » ?
• Il serait logique et juste que les PE1 et PLC1 qui réussiront les actuels concours de 2010, l’année suivante, soient fonctionnaires-stagiaires et bénéficient des actuels plans de formation. Ce n’est pas ce que les ministères ont prévu.
Ils veulent recruter les lauréats des concours 2010 comme enseignants-stagiaires en 2011 sous réserve qu’ils aient obtenu leur M2. Ainsi, un lauréat du concours 2010 collé au master perdrait le bénéfice de son concours ! Quant à ceux qui seraient recrutés comme fonctionnaires-stagiaires, ils auraient un service à 2/3 temps, bien plus lourd qu’aujourd’hui.
• Les étudiants inscrits en IUFM en septembre 2009 pourraient-ils poursuivre en M2 en IUFM? Dans quel master, alors qu’ils n’existent pas encore ? Et avec quelle articulation entre M1 et M2?
• Ceux qui auraient le M1 en 2010 et échoueraient au concours, devraient-ils redoubler, pourraient-ils repasser ces mêmes épreuves en M2 ou devraient-ils se préparer aux épreuves du nouveau concours associées au M2 ?
• Et les lauréats qui se seraient inscrits comme candidats « libres » (cette catégorie est nombreuse), seraient-ils mis directement sur le terrain pour leur année de « stage », sans formation ? Etc.

La question du financement des études est toujours au point mort : la proposition la plus conséquente reste la priorité dans l’accès à des emplois d’assistant d’éducation pour 9 000 étudiants. Le ministère croit-il toujours qu’ils pourront se consacrer pleinement à leur mission dans les établissements scolaires et à leur formation ?

Enfin, si les universitaires des UFR et des IUFM participaient à ce processus, ils seraient conduits à se jeter dans une concurrence perverse, qu'ils ont refusée jusqu'ici avec force.

Nous avons agi depuis des mois contre cette réforme. Nous apprécions nos premiers succès, mais nousne nous laisserons pas étourdir par le chant des sirènes : ce recul ne peut pas nous suffire !

Nous obtiendrons le retrait de la réforme et la convocation d’États Généraux !

Articles de Sylvie Plane & Christian Puren

Deux articles de réflexion publiés sur Internet (CNFDE) :


Sylvie PLANE


Je rappelle un autre élément à prendre en compte au sujet de la place de la place du concours et de la durée du cursus :


Il nous a été dit par le ministère qu'en mettant le concours en M2, il permettrait ainsi que les enseignants soient considérés comme recrutés à un niveau plus élevé et qu'ils pourraient alors bénéficier d'une revalorisation indiciaire. Cet argument est inexact sur le plan juridique. Que le concours soit placé en M1 ou qu'il soit placé en M2, les conditions de diplôme permettant de s'y présenter sont toujours les mêmes : le diplôme nécessaire pour se présenter au concours demeure dans un cas comme dans l'autre la licence. En effet, le "M1" n'est pas un diplôme. La chose serait différente si le concours se passait à l'issue du master, c'est-à-dire en 6° année d'études supérieures. Mais cette hypothèse n'est pas viable pour l'ensemble des concours (1). En revanche il faut distinguer : le niveau de diplôme exigé pour passer le concours et le niveau de diplôme exigé pour être recruté. Puisqu'il est dit qu'il faudra désormais un master pour être recruté, cela devrait être pris en compte pour la revalorisation et peu importe, juridiquement, que le concours soit placé en M1 ou en M2. Ce sont donc des considérations pédagogiques qui doivent nous amener à opter pour le concours en M1 ou en M2 et non la perspective d'une revalorisation de carrière, puisqu'elle ne dépend pas de la place du concours dans le master.


(1) En imaginant que le concours ait lieu à l'issue du master, la poursuite de cette sixième année d'étude supérieure ne pourrait être combinée avec le statut de fonctionnaire stagiaire, car cette position statutaire dépend de la réussite au concours. Autrement dit, le cursus serait le suivant : 5 ans d'études supérieures pour obtenir un master, un an de préparation au concours, un an en position de stagiaire, puis titularisation, d'où 7 années avant d'être titularisé, coût des études, incidence sur la carrière... Fin de carrière à quel âge ?


Christian PUREN

Sylvie Plane écrit qu'il faut distinguer "le niveau de diplôme exigé pour
passer le concours et le niveau de diplôme exigé pour être recruté". Oui, mais il faut préciser en même temps que si dans la plupart des formations professionnalisantes (écoles d'ingénieurs, écoles d'infirmières, facultés de médecine,...), la sélection se fait en début de cursus, c'est 1) pour que l'argent dépensé par l'Etat dans le temps de la formation professionnelle (qui est de loin la plus coûteuse) soit rentabilisé au mieux grâce à un taux d'échec résiduel, et 2) pour que la formation au métier en alternance se fasse, parce qu'elle se situe après la sélection, dans les conditions de sérénité et de concentration qui lui sont indispensables. L'intérêt économique et l'intérêt pédagogique se rejoignent pour une fois clairement, saluons l'événement, sonnons trompettes, et bétonnons sur le principe!

L'un des risques structurels de ce type de dispositif est que la sélection précoce ne se fasse pas principalement, parce qu'elle est précoce, sur des critères professionnels (un cas caricatural en étant la sélection à la fin de 1e année des études de médecine...), et c'est pourquoi il est indispensable 1) de généraliser les UE (avec stages) de pré-professionnalisation en licence, et 2) d'intégrer une part significative d'épreuves de type professionnel en M1. Je viens de publier sur le site de l'APLV

(http://www.aplv-languesmodernes.org/spip.php?article2325)

un compte rendu d'enquête réalisée sur place sur le système scolaire et de formation finlandais, où on peut lire que pour la sélection des futurs enseignants de langue maternelle, "les épreuves de sciences de l’éducation sont presque aussi importantes que leur propre discipline ; la répartition des crédits est la suivante : études pédagogiques des enseignants : 25 ECTS en études de base – pédagogie-, 35 ECTS en études de leur propre discipline."

L'une des manies françaises (n° 1, je vais en signaler quelques autres à la suite...) semble bien être, lorsqu'il y a insuffisance avérée ou déclarée des résultats (cf. les plaintes récurrentes sur le niveau des étudiants dans les rapports des jurys de concours), "d'en rajouter" au lieu d'optimiser: c'est le "réflexe encyclopédiste". Un concours à l'issue du Master (M2, donc) permettrait peut-être aux filières universitaires de préparation académique d'augmenter leurs heures de cours, mais d'une part cette inflation de contenus académiques risquerait de creuser encore plus la distance entre la formation universitaire et la formation professionnelle (d'autant moins prise en compte que plus retardée), d'autre part il faut quand même rappeler que la formation professionnelle des enseignants n'a pas
pour vocation à servir au fonctionnement de l'université : c'est l'inverse.

C'est très bien qu'il y ait actuellement un front uni contre les réformes Pécresse-Darcos, mais il ne peut occulter qu'il existe entre la "culture" collective des universités et celle des IUFM des divergences fondamentales dans la conception de la formation professionnelle des enseignants en France, ainsi que des intérêts fondamentalement divergents.

Avec l'intégration en amont du concours et au concours lui-même de contenus de type professionnel, une autre manière d'augmenter la qualité de la formation sans en rajouter encore, est de reporter sur la première année en poste (PE3, PLP3, PLC3) la rédaction du mémoire et un certain nombre de cours "théoriques" de formation pédagogique et didactique, qui gagneraient en intérêt aux yeux des nouveaux enseignants s'ils étaient proposés à un moment - leur titularisation étant acquise et un minimum d'assurance personnelle étant acquise dans la pratique professionnelle -, où ils se trouvent en mesure de commencer à se poser eux-mêmes des questions plus générales et abstraites.

Une autre déplorable manie française en effet (n° 2) est de commencer par le plus général et le plus abstrait au titre que ce seraient "les bases" sur lesquelles devraient se fonder les pratiques. Mais on confond ainsi le point d'arrivée avec la route, le résultat avec la manière d'y parvenir, le produit avec le processus, la formation d'un enseignant avec ses compétences finalement acquises. A l'IUFM de Paris, où je suis arrivé un an après sa création et où j'ai enseigné la didactique des langues pendant 10 ans (1992-2001), j'ai assisté à la réduction progressive des "conférences de tronc commun" (sur la psychologie de l'apprentissage et la philosophie de l'éducation, par exemple) considérées a priori (et légitimement) comme indispensables pour tous les enseignants quelle que soit leur discipline.

Elles sont indispensables, effectivement. Mais si elles étaient
indispensables et que pourtant elles étaient rejetées massivement par les étudiants en IUFM, la seule explication est évidente, et le remède tout trouvé: elles étaient mal placées dans le cursus, elles arrivaient trop tôt, comme "la charrue avant les bœufs", suivant l'expression consacrée. Parce qu'en fait ce n'est pas la "théorie" qui tire la "pratique" dans un processus de formation professionnelle, c'est l'inverse : ce sont les questions que les stagiaires se posent dans leurs pratiques, et elles seules, qui peuvent les motiver à "remonter" à des considérations "théoriques".

Je suis donc favorable pour ma part à reporter après la titularisation toute
cette partie de la formation qui n'est efficace que si le nouvel enseignant à acquis un minimum d'expérience et d'assurance professionnelles qui lui permettent de se poser des questions de type "méta" par rapport à sa pratique, ou du moins d'être ouvert à ce type de problématiques qui se situent au-delà de la simple "manière de faire": la maturation naturelle d'un professionnel passe sans doute par les questions de référence successives suivantes: 1) comment? 2) quoi? 3) pourquoi? Une autre manie française (n° 3) est ce rationalisme abstrait qui inverse complètement cet ordre chronologique de la relation théorie-pratique dans la conception des cursus de formation professionnelle. Tout formateur d'IUFM a pu constater la grande différence qualitative entre des mémoires professionnels conçus et rédigés avant ou après une expérience significative d'enseignement.

Dans certains pays européens (l'Espagne, par exemple), la promotion de
carrière des enseignants dépend de leur assistance (non obligatoire) à des stages, colloques et autres rencontres pédagogiques. Pourquoi (j'ai été adhérent du SNES puis du SNESUP avant mon actuelle retraite cette année, horresco referens, donc...), pourquoi ne pas imaginer que les promotions dans le grade, dans les toutes premières années de carrière, soient liées à la soutenance d'un mémoire professionnel, avec une priorité / un "plus" voire une obligation accordé à des projets collectifs ?

C'est une autre manie française en effet (n° 4) que de considérer que l'évaluation des enseignants est forcément individuelle, alors même qu'on leur demande de former leurs élèves aux valeurs citoyennes de responsabilité collective et de solidarité, c'est-à-dire (dites-moi si je me trompe) à être efficaces collectivement.

Et pourquoi ne pas laisser aux jeunes titulaires une marge de manœuvre personnelle d'évolution professionnelle dans les premières années de leur carrière (liée à ce mémoire professionnel de M2, puis à un doctorat, pour ceux qui le souhaiteraient, de recherche en fonction de leur personnalité, facilités ou difficultés personnelles et/ou professionnelles, choix de vie, etc.: les promotions dans le grade seraient en partie liées à la validation de ces travaux de recherche. Une autre manie française (n° 5), dont je ne sais s'il faut l'attribuer aux séquelles du judéo-christianisme, du jacobinisme ou du maxisme-léninisme - peu importe mais le résultat est là - est de penser que l'intérêt collectif exigerait que tous poursuivent le même objectif en étant évalués en même temps sur les mêmes critères.

Je suis parfaitement conscient et des procès d'intention et des récupérations auxquels mon discours peut donner lieu. Mais je suis intimement persuadé que dans le contexte européen et mondial actuel, « il faut agir, sous peine de dépérir, il faut affronter les courants, sous peine d'être laissé au rivage, comme une épave. Aussi un enseignement national qui ne serait pas résolument moderne par la substance et par l'esprit ne serait-il pas simplement un anachronisme; il deviendrait un péril national.

» C'est une citation de Louis Liard, Vice-Recteur de l'Académie de Paris,
dans un discours prononcé à l'ouverture du Conseil académique de Paris le 26 novembre 1902 (mille neuf cent deux). L'obtention pour l'année prochaine du statu quo pour la formation des enseignants sera sans doute une victoire française contre les réformes proposées par ce Gouvernement français, mais ce serait une erreur historique d'en rester là, et de ne pas transformer immédiatement cette dynamique d'opposition française en une dynamique de proposition européenne.

Christian Puren
Professeur émérite de l'Université Jean Monnet (Saint-Etienne, France)
Président d'Honneur de l'Association française des Professeurs de Langues
Vivantes (APLV) Directeur éditorial du site www.aplv-langues.modernes.org

26 mars 2009

TONNERRE DE BREST ! Appel de 4 présidents d'université

Réunis au colloque annuel de la Conférence des présidents d’université, les présents ont lancé un appel à la reprise des cours. Quatre de leurs confrères, et pas des moindres puisqu'il s'agit de Pascal BINCZAK, (Paris 8 Vincennes), Bernadette MADEUF (Paris-Ouest-Nanterre), Georges MOLINIE (Paris IV La Sorbonne) et Philippe ROLLET (Lille -I) - ont décidé de leur répondre vertement.


Tonnerre de Brest !
La Conférence des Présidents d’Université (CPU) tient depuis le mercredi 25 mars son colloque annuel, à Brest. Pendant ce temps, nos ministres de tutelle maintiennent le cap des réformes que la communauté universitaire, après huit semaines de mobilisation, continue massivement à rejeter. Pendant que les présidents réunis à Brest appellent clairement les universitaires à rentrer dans le rang au prétexte que leurs principales revendications auraient été satisfaites, nos universités voient dans les faits le mouvement en cours se poursuivre, voire s’amplifier, avec une détermination et une inventivité étonnantes. Nous, présidents d’université responsables, avions hésité à participer à ce colloque brestois de la CPU que nous jugions pour le moins inopportun… et qui ressemble ces jours-ci à une fuite à Versailles !

Le dernier communiqué de la CPU, ainsi que les conditions dans lesquelles se tient son colloque, justifient amplement nos préventions. En capitaines de navires qui traversent une tempête comme l’université n’en a pas connue depuis 1968, nous considérons que notre devoir est de rester sur le pont, solidaires de nos collègues enseignants-chercheurs et personnels administratifs, solidaires de nos étudiants.

Cet « Appel de Brest » lancé mercredi par la CPU invitant unanimement à la reprise des cours et de l’organisation des examens, sonne comme une réponse à «l’Appel de la Sorbonne» que nous avions lancé le 9 février, par lequel nous appelions les ministres de l’Education nationale et de l’Enseignement supérieur et de la Recherche à «retirer tous les projets de réformes controversés» et à organiser une véritable concertation pour construire sur de meilleures bases l’avenir de nos institutions universitaires. Ce communiqué n’a donc été voté qu’à l’unanimité des présidents présents à Brest et n’exprime donc nullement une position unanime de l’ensemble des présidents d’université.

Notre sens de la responsabilité nous conduit également à regarder les circonstances avec les yeux de l’honnêteté, à dénoncer le fait que nos ministres n’ont toujours pas pris la mesure de la situation, à regretter l’étrange surdité de certains collègues qui depuis le phare de Brest croient observer que le «champ de la concertation» a réellement été ouvert et qu’il convient donc que les universités reprennent leur activité normale… Fermez le ban !

Pour ce qui nous concerne, nous constatons que la réforme dite de la «mastérisation» reste confuse dans l’organisation qu’elle propose pour les concours de recrutement et que ce projet est maintenu dans des termes et des principes que nous continuons à rejeter comme nocifs tant à la qualité qu’à la cohérence de la formation des enseignants des premier et second degrés. Les dernières propositions du ministère génèrent une confusion pointée par tous les acteurs de la formation des enseignants en prétendant échanger un recul dans la mise en place des nouveaux concours contre une mise en place immédiate des nouvelles formations. C’est là une manœuvre pour faire entériner à l’avance tout le processus combattu par la majorité de la communauté universitaire. La seule solution simple et claire est de proroger le dispositif actuel dans sa totalité, pour un an (y compris l’année de formation en alternance). Nous constatons aussi que l’augmentation des moyens promise par les pouvoirs publics ne s’est jusqu’à présent traduite que par le travestissement des dotations budgétaires de l’Etat (qui font en réalité apparaître une baisse sensible de nos moyens) et que les suppressions de postes pour l’année 2009 sont toujours maintenues.

Nous constatons encore que la réforme du statut des enseignants-chercheurs, loin de satisfaire les attentes des personnels concernés, continue d’aggraver les contradictions de la loi LRU. Inscrite dans la dernière version du projet de décret, la possibilité pour les enseignants-chercheurs de choisir librement l’établissement dans lequel ils souhaitent effectuer leurs activités de recherche empêchera les acteurs de l’université de conduire efficacement la politique scientifique de leurs établissements, telle que la loi LRU pourtant les invite à la construire de manière autonome. Et c’est encore la concurrence entre universités qui sera ainsi exacerbée. Cette nouvelle version d’un décret que la ministre ne finit pas de réécrire, est proprement irréaliste en ce qu’il hypothèquerait tout recrutement sur les bases d’un profil de recherche correspondant à la politique scientifique de l’établissement.

Notre sens des responsabilités nous appelle, enfin, à garantir la qualité des diplômes de l’année 2009. Nos universités ont acquis depuis longtemps une expérience en matière d’aménagement des modalités de validation des cursus en période de grève, et nous n’avons pas besoin d’injonctions pour prendre les mesures qui conviennent à la situation. La fébrilité manifeste de certains, qui les conduit, face aux revendications des étudiants, à préférer à l'échange d'arguments, celui de gestes violents, dans des altercations confuses, ne les qualifie pas pour donner des leçons de responsabilité. Il est plus que temps de négocier sérieusement en acceptant de traiter globalement une crise qui est globale, ce qui suppose d’abord de retirer, comme nous le demandons depuis plusieurs semaines, les projets de réforme controversés. Cette crise aurait pu être évitée et réglée en quinze jours au mois de janvier : poursuivons tous la mobilisation pour que cette crise ne pourrisse pas davantage l’année universitaire.

Pascal BINCZAK, Président de l’université Paris 8 Vincennes – Saint-Denis Bernadette MADEUF, Présidente de l’université Paris-Ouest-Nanterre-La Défense Georges MOLINIE, Président de l’université Paris IV La Sorbonne Philippe ROLLET, Président de l’université Lille I

25 mars 2009

Position de la CPU sur la formation des maîtres

La CPU note avec satisfaction l’évolution des discussions autour de la formation des maîtres et
l’ouverture de véritables négociations qui permettent une révision en profondeur de la réforme.

Elle s’engagera pleinement dans le travail de la commission de concertation et de suivi et désigne le président de la commission de pédagogie de la CPU, Daniel Filâtre, président de l’université de
Toulouse Le Mirail, pour la représenter à la coprésidence de cette commission. Cette commission
devra se prononcer sur le contenu, la nature et les modalités de la formation des maîtres et des
concours et démarrer ses travaux dès le début avril, après définition concertée de ses modalités de travail et de sa composition.

Pour l’année 2009-2010 et dans la mesure où les concours restent inchangés, la CPU souhaite que les préparations restent au plus près de celles de 2008-2009.
Pour que les étudiants puissent bénéficier d’un master nécessaire à leur recrutement ultérieur
comme professeurs, la CPU suggère de les inscrire, pour ces préparations, soit dans les UFR ; soit dans les IUFM dont l’année de préparation pourrait donner, à titre transitoire, l’équivalence de 60 ECTS.

Ces différentes modalités doivent être abordées de façon urgente dans les négociations qui se
déroulent en ce moment avec les deux ministres.

Texte adopté à l’unanimité moins une absentation 25/03/09

23 mars 2009

Communiqué CDIUFM

Mastérisation : sortir de la confusion et de l’incohérence (bis repetita)

La Conférence des directeurs d’IUFM ne cesse d’attirer l’attention sur le degré de confusion et
d’incohérence atteint par la réforme du recrutement et de la formation des enseignants à force d’ajouts et de rectifications successifs.

Les mesures concernant le caractère transitoire de l’année 2009-2010 ne font que rajouter un peu plus de confusion et d’incohérence :
- la juxtaposition de trois catégories d’étudiants qu’il faut désormais traiter de manière différente ;
- la nécessité de bricoler un dispositif à la hâte pour un nombre significatif d’étudiants, ceux qui
préparent les concours de professeur des écoles, des lycées professionnels, de conseiller principal
d’éducation ;
- l’obligation pour la plupart d’entrer dans la logique de préparation des actuels concours et de
s’inscrire simultanément dans des masters (quand ils existent) qui ont été construits dans une toute autre logique ;
- et, au bout du compte, la dévalorisation et la perte de crédibilité pour ces masters.

Il existe pourtant une solution simple, claire, cohérente, efficace et lisible.

Puisque l’on proroge officiellement les concours actuels, il suffit de proroger l’année qui les prépare et l’année de formation professionnelle en alternance qui les suit. Il y a là un dispositif qui, depuis une vingtaine d’années, a fait la preuve de sa cohérence et de son efficacité.

Il est alors très simple (moyennant le renforcement de la dimension recherche du mémoire de seconde année) de délivrer le diplôme ou le grade de master à tous ceux qui auront réussi ce parcours difficile et particulièrement sélectif.

Construire l’avenir

De plus, pour construire l’avenir, la Conférence des directeurs d’IUFM réitère sa proposition d’organiser des États Généraux de la formation des enseignants sous forme d’une consultation rigoureuse et démocratique de tous les acteurs de ce dossier.

Contact presse
Conférence des directeurs d'IUFM
Sandra VIÉ
Chargée de communication
Tél. 01 44 32 92 47
sandra.vie@cdiufm.amue.fr

19 mars 2009

Lettre aux députés et sénateurs


Lettre remise lors d'une audience accordée à Tulle par Monsieur le député François Hollande et Monsieur le sénateur René Teulade.


Madame, Monsieur,

Le gouvernement a engagé un processus de réforme de la formation des enseignants, dit de « mastérisation », qui a été ouvert par le Président de la République le 2 juin dernier. Or, pour toutes les parties prenantes (universités, par la voix des représentants des personnels et de leurs syndicats, par celles de leurs Conseils d’Administration et par celle de la Conférence des Présidents d’Université, départements universitaires, IUFM, sociétés savantes et organisations professionnelles, syndicats d’étudiants, fédérations de parents d’élèves, etc.), s’il est normal de vouloir améliorer la formation des maîtres, le projet gouvernemental tourne le dos à cet objectif. Certains de ses défauts sont particulièrement pointés :


·L’année de formation en alternance après le concours serait supprimée sans être compensée par une formation pré-professionnelle de qualité au cours de la licence et du master. Les lauréats du concours devraient ainsi assurer immédiatement un service d'enseignement aussi lourd, ou presque, que celui d'un enseignant chevronné, sans véritable préparation, ni accompagnement. Les difficultés des débutants déjà remarquées dans la formation actuelle, seraient considérablement amplifiées.


· La place du concours de recrutement lors de l’année de master 2 (on parle de l’admissibilité en janvier et de l’admission en juin, mais rien n’est arrêté…) retarderait d’un an la première rémunération des étudiants. Ce serait désormais aux familles de payer l’année d’étude à bac + 5. Et dans le cas où un stage en responsabilité serait organisé dans cette seconde année de master, les étudiants salariés se retrouveraient devant ce dilemme : accepter le stage ou conserver leur emploi.


· Aucune mesure sérieuse n’est prévue pour empêcher la raréfaction des recrutements de jeunes issus des milieux populaires. Certes, le ministère s’est engagé à accorder la priorité aux étudiants en master enseignement dans l’accès à 9 000 emplois d’assistants d’éducation. Mais croit-il vraiment qu’ils pourraient s’investir efficacement dans leur formation tout en assurant sérieusement leur mission dans les établissements scolaires ?


· Alors qu’il est logique d’inscrire la formation des enseignants dans le cadre des masters, la seconde année du master cumulerait différentes contraintes inconciliables : préparation à un concours difficile (d’autant plus que le nombre de postes a été réduit), formation à la recherche, formation professionnelle.


· Les épreuves des concours ont été conçues sans concertation, dans la précipitation, avec le seul objectif la réduction des coûts. Leur conception hybride ne permet de vérifier et de garantir ni les compétences professionnelles, ni les connaissances disciplinaires.


· Alors que tous les grands corps de l’État ont leur école de formation (police, magistrature, finances, santé…), l’État semble considérer que l’éducation nationale n’est plus digne d’avoir une école pour former ses fonctionnaires. Il se dessaisirait de cette mission. L’absence de cadrage national et la mise en concurrence des universités renforceraient les inégalités entre les villes, les départements et les régions. Certaines universités pourraient certes proposer à la fois des masters enseignement et des masters recherche, assurant ainsi leur rayonnement national et international. Mais d’autres ne pourraient présenter une telle diversité de formations ; elles verraient leur attractivité diminuer et seraient rapidement déclassées.


· De plus, l’existence des sites IUFM, généralement installés dans les locaux des anciennes écoles normales, est menacée dans les départements ruraux. Certes Mme Pécresse a pris des engagements lors d’une audience accordée à l’Association des maires de villes moyennes. Mais ces engagements sont difficilement compatibles avec l’autonomie des universités, inscrite dans la loi. Des informations données récemment aux personnels de divers sites (Quimper et Privas par exemple) semblent plutôt confirmer que leur fermeture est envisagée à court terme.


· Actuellement, les professeurs des écoles titulaires peuvent bénéficier d’une formation continue parce que leurs jeunes collègues les remplacent dans leur classe lors des stages de formation initiale. En diminuant très fortement la durée de ces stages, le projet aurait pour conséquence une réduction dramatique des possibilités de formation continue (elles seraient divisées par 2 ou 3).


· Probablement pour des justifications idéologiques, le gouvernement refuse de reconnaître que l'organisation de la formation des maîtres nécessite une structure académique interuniversitaire, s'appuyant sur le potentiel et l'expertise des IUFM.


Si ce projet était maintenu, nous irions vers une grave et durable détérioration de la qualité du service public d’éducation, au moment où l’Union Européenne engage les États à des investissements conséquents pour améliorer la formation initiale et continue des enseignants. De surcroît, alors que cette réforme romprait le lien organique entre la République, ses maîtres et son école, elle n’a pas fait l’objet d’une concertation avec les parties prenantes et n’a donné lieu à aucun débat parlementaire authentique. Or, la formation des maîtres est un enjeu national, car définir la manière de former les enseignants, c’est déterminer les formes que prendront l’éducation et l’instruction des jeunes générations pendant les quarante années suivantes… Aucune réforme de l’importance de celle-ci ne devrait pouvoir se décider sans que la représentation nationale ait à en débattre, à indiquer des orientations, voire à légiférer.


En cohérence avec les doléances exprimées par les universités et leurs présidents le 19 février dernier, nous vous demandons donc d’intervenir auprès du gouvernement pour qu’il suspende sa réforme, qu’il maintienne jusqu’en 2010 au moins les concours de recrutement dans leur configuration actuelle et qu’il mette à profit ce délai pour organiser la concertation et les négociations nécessaires pour concevoir, dans le respect des parties prenantes, une réforme digne de ce nom.


Nous vous demandons également de prendre position publiquement en faveur d’un débat parlementaire sur ce sujet de la plus haute importance pour l’avenir de notre société et vous saurions gré de nous faire connaître votre accord.


Vous remerciant de votre intérêt pour la formation des enseignants et, au-delà, pour l’école, veuillez croire à notre dévouement au service public d’éducation et à nos sentiments respectueux.

Le 19 mars 2009
Pour la coordination nationale Formation des Enseignants,
Le comité de lutte IUFM du Limousin


Manif du 19 mars