22 octobre 2008

Tract site de Tulle

FORMATION DES ENSEIGNANTS : UNE REFORME DESTRUCTRICE POUR L’ECOLE

Il nous semble urgent et important d’alerter l’opinion publique et les parents d’élèves sur les conséquences du projet de réforme de la formation des enseignants devant entrer en vigueur dès la prochaine année scolaire 2009/2010.

Dans ce projet, les futurs professeurs devront suivre 5 années d’études supérieures à l’université, être titulaires d’un Master - diplôme Bac+5 – puis réussir le concours de recrutement pour devenir enseignant (ils seront nommés sur un poste d’enseignant et percevront une première rémunération à la rentrée scolaire suivant le concours). Aujourd’hui, les professeurs sont recrutés à Bac+3 et suivent à l’IUFM une année de préparation au concours puis une année de formation professionnelle rémunérée.

Cette réforme entraînera la disparition de l’année de formation professionnelle et du statut de professeur stagiaire IUFM (24 000 postes de professeurs stagiaires supprimés au niveau national).

Un professeur stagiaire assure actuellement, dans le cadre de sa formation, des stages en responsabilité dans les classes, encadré par des formateurs qui l’aident à apprendre le métier et à se confronter à ses difficultés. C’est cette alternance entre les temps d’apprentissage à l’IUFM et de pratique dans les classes qui permet d’acquérir et de renforcer les compétences professionnelles nécessaires à l’exercice d’une profession de plus en plus complexe et exigeante.

Demain, si cette réforme aboutit, les futurs enseignants auront un statut d’étudiant et de fait ne pourront plus prendre en charge une classe. Un étudiant titulaire d’un Master et réussissant le concours pourra donc se retrouver affecté à la rentrée suivante, à plein temps dans une classe, sans jamais avoir eu aucun contact en responsabilité avec des élèves : cela augure des années difficiles pour ces nouveaux enseignants, formés sur le tas, et surtout pour leurs élèves.

Par ailleurs, l’allongement de la durée des études, la disparition d’une formation professionnelle rémunérée et les aléas de la réussite au concours écarteront les étudiants les plus modestes du métier d’enseignant.

Dans ce contexte de restriction et d’économie budgétaire, quel sera l’avenir des sites de formation départementaux comme celui de Tulle ? Ils risquent d’être fortement réduits voire de disparaître face à une formation coupée des réalités du terrain, sans pratique de classe et recentrée entièrement à l’université, ce qui dévitalisera un peu plus les départements ruraux au profit des grandes villes universitaires. Pour la ville de Tulle par exemple, cela représenterait le départ d’une centaine de jeunes en formation et de leurs formateurs.

On peut s’interroger également sur ce que deviendront les étudiants titulaires d’un Master mais ayant échoué au concours : une main d’œuvre précaire ? Un vivier d’intérimaires pour l’Education Nationale ?

A terme, c’est la disparition programmée d’un corps de professeurs recrutés de façon équitable par l'Education Nationale. Dans ces conditions, on ne peut qu’émettre des doutes sérieux sur la qualité de l’enseignement dispensé à nos enfants.

Contrairement aux apparences, un recrutement à Bac+5 n’apportera rien de plus qu’un recrutement à Bac+3 s’il n’est pas accompagné d’une véritable formation professionnelle.

Cette réforme pénalisera gravement les élèves et les nouveaux enseignants : c’est une tromperie de vouloir faire croire le contraire.

Collectif de l’ IUFM du Limousin - Site de Tulle